Histoire
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Créé par l'abbé de Cluny Hugues de Semur, et isolé de la vie intense de l’abbaye de Cluny, le prieuré de Berzé-la-Ville recevait des hôtes de marque... Ses décors sont un chef-d’œuvre de la peinture murale du XIIe siècle et les seuls témoins de la peinture monumentale clunisienne !
Le nom de Berzé-la-Ville apparaît dès 1042 dans les textes de l’abbaye de Cluny. L’acquisition du domaine se fait en plusieurs étapes durant tout l’abbatiat d’Hugues de Semur (1049-1109).
C’est seulement en 1100 que la propriété pleine et entière du prieuré de Berzé-la-Ville par l’abbaye de Cluny est établie suite à de nombreux échanges, achats et aussi alliances finement arrangées par l’abbé Hugues.
© Centre des monuments nationaux / David Bordes
C’est sans doute à partir de cette date de 1100 que les bâtiments et la chapelle sont construits. La chapelle est édifiée sur un rocher, expressément pour l’abbé qui y séjourne régulièrement, surtout dans les dernières années de sa vie.
Lors de ses séjours, il est entouré de quelques dignitaires et reçoit d’importants personnages religieux et laïcs. Il accueille par exemple, pour les fêtes de Noël 1106, le pape Pascal II.
La chapelle est également un point de contrôle essentiel de la route vers Mâcon pour l’acheminement des marchandises.
© Centre des monuments nationaux / David Bordes
Enfin, le testament spirituel de l’abbé, écrit pendant le carême de 1109, témoigne du profond attachement de celui-ci pour son modeste château des moines :
" Dans l’ignorance où je suis de l’instant de ma mort, j’ai fait le choix d’une petite obédience appelée Berzé, afin que là, lorsque sera arrivée la fin de ma course mortelle, on distribue à perpétuité, et selon l’opportunité des temps, une abondante nourriture et une suffisante boisson, le jour de mon anniversaire, à tous mes frères qui habiteront le couvent de Cluny et qui se souviennent de moi, pauvre pêcheur... "
© Centre des monuments nationaux
Dans les coutumes de l’abbaye de Cluny (Consuetudines), rédigées en 1060-1090, les moines chargés de l’administration du domaine de Berzé portent le titre de decani.
À la mort d’Hugues, en 1109, les travaux ne sont pas terminés. Le saint abbé, qui a commandé et peut-être même défini le programme iconographique, n’a pas vu le chef-d’œuvre achevé. Les siècles suivants ont laissé très peu d’informations sur le prieuré.
© Centre des monuments nationaux / David Bordes
Ce n’est qu’en 1887 que les peintures murales sont fortuitement découvertes par Philibert Jolivet, le curé de la paroisse. Cet exemple est unique dans la région, tant par les sujets que par le style fortement inspiré des milieux romains.
Sous l’influence de Rome, le décor de l’abside de la chapelle est organisé en quatre niveaux principaux :
© Centre des monuments nationaux / David Bordes
De plus, pour donner davantage de monumentalité à ce Christ, sa tête, ses pieds et ses mains débordent de la mandorle . La virtuosité du peintre réside dans la réalisation de cette composition dense, avec plus de quarante personnages, dans un espace restreint.
© Centre des monuments nationaux / David Bordes
La chapelle est classée Monument Historique en 1893. Après la Seconde Guerre mondiale, l’ensemble des bâtiments est mis en vente. Mais Dame Joan Evans, archéologue et mécène britannique, rachète la chapelle et en fait donation à l’Académie de Mâcon en 1947. En 2016, l’ouverture au public est confiée au Centre des monuments nationaux.
Les autres bâtiments, reconstruits au XVIIe siècle, sont aujourd’hui une propriété privée. Seule la chapelle peut se visiter : ne manquez pas cette découverte exceptionnelle !
© Centre des monuments nationaux / David Bordes